Chers Amis Bienfaiteurs d’Akamasoa,
La pauvreté ne diminue malheureusement pas à Madagascar et nous avons toujours beaucoup de problèmes sociaux !
Les élections présidentielles ont eu lieu et malgré toutes les péripéties durant la campagne électorale, Andry Rajoelina a été réélu président au premier tour.
Madagascar n’a pas besoin en ce moment d’une nouvelle crise sociale que certaines personnes sans état d’âme veulent créer de toutes pièces. Cela risque d’engendrer davantage de pauvreté et d’instabilité politique, économique et sociale !
Étant dans ce pays depuis plus de 50 ans, il m’est difficile à chaque fois de regarder cette misère qui nous entoure quotidiennement. Est-ce que nous assistons à une dégradation de la culture malgache du « FIHAVANANA » ? Aujourd’hui, il semblerait que c’est d’abord le chacun pour soi. Ce pays est totalement délaissé par ses dirigeants. Nous manquons de tout : d’écoles, de dispensaires, de maternités, d’hôpitaux, de routes, de l’accès à l’eau et à l’électricité, de logements, d’infrastructures, des emplois et de tant d’autres choses si nécessaires au développement du pays.
Nous devons ici sacrifier beaucoup de temps pour pacifier les personnes qui sont extrêmement blessées dans leur vie par divers drames. Et il y a toujours ce phénomène où les hommes et pères de famille abandonnent leur femme et leurs enfants sans aucun souci et sans qu’ils ne soient inquiétés par le ministère des tutelles. C’est un drame dans ce pays car aucune autorité compétente ne les oblige à s’occuper de leurs enfants. Ils ne sont jamais poursuivis et la loi qui défend les enfants n’est pas appliquée. L’aide matérielle est très importante mais l’aide humaine et spirituelle est la base de tout vrai progrès. S’il n’y avait pas la prière tous les dimanches à Akamasoa, face à tous ces problèmes et drames venant de partout, nous n’aurions pas pu aider toutes ces familles à persévérer dans cette volonté d’améliorer leurs conditions de vie.
Cette situation d’extrême pauvreté stagne puisque les cyclones et la sécheresse ont fait beaucoup de dégâts. Et cela nous arrive tous les ans.
Par ailleurs, l’insécurité est de plus en plus présente partout dans l’île. Plus personne n’a confiance dans les tribunaux, alors le peuple cherche maintenant à faire sa propre justice, et c’est un vrai problème y compris dans notre action humanitaire. A cause de cela, nous avons pris la décision de construire des clôtures notamment autour de notre village de Safata. C’est une décision dure à prendre car nous ne pensions pas un jour devoir le faire et surtout on ne le souhaitait pas. Mais force est de constater que nous sommes aujourd’hui obligés de le faire afin de maintenir la sécurité de nos collaborateurs et personnel de santé qui travaillent dans l’hôpital et la maternité. Notre devoir est de les protéger avant tout pour qu’ils puissent continuer leur mission auprès des plus pauvres. Plusieurs fois par jour je me demande s’il y a un état qui s’occupe de son peuple, de la scolarité de ces milliers d’enfants qui ne vont pas à l’école et qui pourraient devenir dangereux pour la société. L’état devra imposer plus de discipline dans tous les domaines de la vie quotidienne pour que cela puisse avoir un effet plus efficace.
La santé est également à désirer dans le pays. Si les familles n’ont pas d’argent, elles ne pourront pas se soigner ! Nous manquons cruellement de tout. De médicaments, de matériel médical, mais aussi de fauteuils roulants et de béquilles qui sont toujours très nécessaires à Akamasoa. Le nombre de personnes à soigner est considérable et nous nous devons de les aider du mieux que nous pouvons. La population à la campagne ne doit pas être oubliée notamment dans notre village de Safata, d’Antolojanahary et d’Ampitafa.
Le manque d’infrastructure et l’état des routes sont également calamiteux. Comment développer ce pays sans un minimum de structures permettant les échanges, les transports. Il faut que l’économie se redresse et que l’emploi soit beaucoup plus important. Comment motiver les jeunes à étudier si nous ne pouvons pas leur offrir du travail ? Tout cela manifeste aussi une urgence de décentraliser le pouvoir économique afin que chaque commune puisse aussi s’occuper de son propre développement.
Malgré cette situation difficile à Akamasoa nous avons pu, grâce à l’aide de nos amis de plusieurs pays, réaliser certains projets en 2023 : Construction de 5 écoles dans la campagne au sud de Madagascar – Construction de 103 logements supplémentaires et de nouvelles routes – Extensions de nos lieux de Santé – A Antolojanahary : réhabilitation de l’hôpital – Nouveaux forages à Mahatsara et à Manantenasoa – Nouveaux réservoirs d’eaux dans plusieurs villages pour récupérer l’eau de pluie – Réparation d’une grande maison à étage qui nous a été offerte gratuitement et servira comme dortoir pour 50 jeunes universitaires venant de tout L’ Ile à Analatsitohinina – Création de nouvelles structures sportives à Antolojanahary et à Tolotra – Construction de murs de soutènement et de clôtures pour sécuriser nos Villages Akamasoa et aussi pour consolider les maisons construites à Lovasoa – Entretien et réparation de nos routes, des lieux publics – Assainissement et reboisement de milliers d’arbres sur les terrains d’Akamasoa – Réalisation d’un chemin bétonné de 300 mètres ainsi que d’importants murs de soutènement pour faire un trottoir pour la Villa d’Analatsitohinina – Construction de 3 maisons et 3 bureaux pour les 3 tribus de Vangaindrano – Construction de 2 salles de classes à Andralanitra – Rehaussement du collège Prince Albert II à Andralanitra avec 10 salles de classe – Construction de 13 salles de classes à Mahatsara – Construction d’un bâtiment avec salle de formation à Manantenasoa.
Les projets pour 2024 : Construction d’une école primaire à Bemasoandro avec 9 salles de classe, des toilettes et des douches, et une nouvelle cantine – A Antolojanahary : nouvelle école primaire avec 10 salles de classes et des toilettes + une Bibliothèque + agrandissement du lycée avec 3 salles de classes supplémentaires ainsi que des toilettes et réhabilitation d’une centaine de maisons construites il y a plus de 25 ans, en changeant les toits en tuile par de la tôle – Réparation et aménagement de 13 salles d’habitation pour les étudiants universitaires qui viennent de Province – Extension et agrandissement de l’école Primaire d’Andralanitra avec 10 nouvelles salles de classes – Construction de 90 nouveaux logements dans plusieurs villages d’Akamasoa – Construction de nouveaux réservoirs d’eaux, de plusieurs dizaines de nouvelles toilettes pour toutes les écoles d’Akamasoa – Construction d’un centre d’énergie renouvelable et pose de nouveaux panneaux solaires – Construction de 2 restaurants solidaires pour les étudiants des universités et pour les ouvriers de la carrière – Réparation et réaménagement du Centre d’accueil de Mangarivotra – Réparation et extension de la Maison d’accueil des visiteurs d’Akamasoa – Création d’un nouveau forage à Mahatsara – Aménagement du Campus Universitaire Saint Vincent de Paul Akamasoa – Pose d’une clôture autour des terrains d’Akamasoa à Bemasoandro, à Mahatsara, à Antolojanahary et à Safata à cause de l’insécurité grandissante – Réaliser 1km de route goudronnée à Andralanitra et à Bemasoandro – Réaliser 250 mètres de route pavée à Mahatazana pour relier l’université – Construction d’une école primaire dans la campagne du sud-est de Madagascar – Construction d’un dispensaire dans la brousse à Nosy Varika – Construction d’une résidence de 3 étages pour une centaine de jeunes filles universitaires qui viennent de l’intérieur du pays, à Mahatazana.
Nous allons célébrer l’année 2024 nos 35 ans de combat pour la justice, et contre la pauvreté et l’exclusion d’une grande partie de la population Malagasy qui est démunie pour préparer un avenir digne à ses enfants.
Un avenir plus heureux sera possible seulement si le nouveau Gouvernement fera tout ce qui est en son pouvoir, avec corps et âme et avec toutes ses forces, pour rétablir le pays dans la voie du développement dans tous les domaines de la vie sociale. Il faut créer un esprit communautaire et national de lutte contre la corruption et la gabegie au sein d’une partie de la population qui cherche à garder tous ses privilèges et qui maintient dans l’extrême pauvreté l’autre partie de la population qui est largement majoritaire.
En écoutant le nouveau Président réélu, le jour de son serment devant le Peuple Malagasy le 16 décembre au Stade Barea Mahamasina, nous voulons croire que quelque chose va pouvoir changer dans l’avenir de ce pays. Voici quelques phrases qu’a dites le Président de la République lors de la cérémonie d’Investiture :
« Cette célébration est le serment solennel que je fais envers ma Patrie et le peuple malgache. Mon attachement à Madagascar, terre de mes ancêtres, et au peuple malgache guideront chacune de mes actions. A travers ce serment, et avec un amour profond et sincère, je m’engage à diriger Madagascar avec détermination pour construire une action plus forte et plus prospère et à œuvrer pour son rayonnement…Malgré les défis que nous avons eus, nous avons bâtit et construit, réalisé des infrastructures utiles à la population, et ce, dans tous les districts. Cela n’avait jamais été réalisé à Madagascar. Nous souhaitions ainsi rattraper le retard de développement accumulé depuis plusieurs décennies….Face à la croissance démographique exponentielle, une priorité sera donnée à la facilitation de l’accès à la planification familiale afin de contribuer à l’amélioration du niveau de vie de chaque foyer….Ce mandat sera marqué par une lutte active contre toute forme de corruption servant les intérêts individuels au détriment de l’intérêt général. Je serai ferme et intransigeant sur le respect des valeurs de l’intégrité, de l‘honnêteté et de la loyauté qui s’imposent à tous les responsables au service de l’état et de la nation…Le bien être de la population sera au cœur de mes actions menant vers une société plus équitable… »
Ces paroles nous encouragent à croire que le prochain quinquennat sera plus dynamique et plus en faveur de la population la plus fragile et la plus délaissée de Madagascar, il sera décisif pour le pays. Si nous voulons vraiment sortir de la pauvreté par la voie pacifique, il faudra travailler sans relâche pour instaurer l’état de droit, sinon la violence s’installera et on risquera de s’enliser dans des conflits qui seront de plus en plus violents. Nous voulons rester optimistes mais ce sera seulement avec des actes concrets, bénéfiques non seulement aux paysans, tellement oubliés, mais aussi aux personnes des bas quartiers de toutes les grandes villes de Madagascar , que nous pourrons croire en un avenir meilleur. Ce n’est plus le temps des discours sans lendemain, mais le temps des actions palpables qui devront vraiment redonner espoir aux jeunes afin qu’ils puissent trouver du travail. C’est toute la population, le gouvernement et tous les partis, qui doivent se monopoliser ensemble, loin de la politique politicienne, pour travailler et faire en sorte que le pays puisse se mettre en ordre de marche pour le combat contre l’extrême pauvreté qui tue tant d’adultes et d’enfants.
A Akamasoa, nous continuerons à aider les plus pauvres. Nous continuerons à conscientiser notre population de 30 000 habitants et surtout nos étudiants qui représentent déjà plus de 20 000 élèves. Rien ne nous empêchera de continuer avec amour, détermination et courage, ce combat contre la pauvreté qui tue également l’âme et l’esprit de l’être humain.
A tous nos bienfaiteurs, nous vous remercions de nous épauler et de continuer à nous aider dans ce travail de développement qui a commencé il y a maintenant 35 ans. Nous ne pouvons pas regarder toutes ces familles s’enfoncer dans l’extrême pauvreté sans ne rien faire. Nous savons que l’aide financière pourrait être un jour limitée et même un jour prendre fin. C’est pour cela que toute aide supplémentaire que vous pourrez nous apporter sera plus que la bienvenue à partir du moment où elle est donnée avec respect et discrétion.
Nous sommes plus forts ensemble, chers amis d’Akamasoa, pour aider tous ceux qui ont tellement besoin de notre générosité et de notre aide, et dont les cris arrivent jusqu’au Ciel.
Au nom de tout le peuple d’Akamasoa nous vous souhaitons une Bonne et Heureuse Année 2024 pleine de bénédictions.
Fraternellement !
Père Pedro
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