25 ans de travail humanitaire

« Chers amis, chers bienfaiteurs !
 
Vous qui nous accompagnez depuis des années dans ce combat contre l’extrême pauvreté, nous vous disons de tout notre cœur MERCI ! Merci de rester avec nous dans cette aventure unique pour défendre la dignité de chaque personne ! Durant toute l’année 2014 à venir, nous fêterons nos 25 ans de travail humanitaire et de développement, et ce, dans tous les domaines, pour le respect de la vie des familles pauvres et exclues !
C’est un événement rare à Madagascar, que de durer si longtemps et d’être encore debout, avec force, passion, foi et espérance ! Nous allons célébrer cette fête avec simplicité mais avec beaucoup de joie !
 
Dans mes voyages à travers l’Europe, mais surtout en France (y compris La Réunion), le pays qui nous aide le plus avec Monaco, la Slovénie et l’Australie, depuis le début de notre aventure pour relever la dignité humaine et la justice pour les plus démunis, je suis étonné de voir combien vous êtes nombreux à vous intéresser à notre combat, à nous suivre avec vos pensées, à nous appuyer avec vos prières et avec vos dons réguliers. Vous nous aidez ainsi à appuyer notre lutte pour les droits des enfants qui ont besoin de manger à leur faim, d’être scolarisés, de pouvoir se soigner, et d’avoir un logement digne.
 
Ceci est notre 24ème rapport sur notre travail, avec et au milieu des plus pauvres. Ceux d’entre vous, amis bienfaiteurs, qui ont pu garder tous les rapports de ces dernières années, peuvent se rendre compte que la situation politique et économique de Madagascar n’a pas changé depuis un quart de siècle !
Néanmoins à Akamasoa nous avons démontré que s’il y a la foi, un idéal, une passion, une volonté, alors il existe aussi une solution à tous les problèmes quels qu’ils soient ! Nous l’avons démontré, non pas par des discours, mais par le travail concret au milieu et avec les personnes rejetées de la société !
 
Nous sommes en fin d’année et nous avons eu récemment l’élection présidentielle qui normalement devrait mettre fin à une crise politique de 5 ans dans le pays, avec la grâce de Dieu! Madagascar a été privée durant tout ce temps de l’aide internationale des Etats amis ! Nous n’avons jamais compris pourquoi le peuple malagasy a été puni à cause de ses politiciens ! La communauté internationale, c’est à la fois personne et tout le monde en même temps. Il ne s’agit pas de donner des idées et des conseils, mais de connaitre la vraie et réelle situation dans laquelle vivent les gens et la population toute entière ! Nous avons tous le droit d’espérer une amélioration de la nouvelle classe politique qui prendra le pouvoir à Madagascar.
Nous avons le droit d’espérer, mais nous devons rester réalistes.
 
Personne ne peut faire de miracles en politique, surtout dans un pays où il existe depuis longtemps une corruption à tous les niveaux, un sauve qui peut et un laisser-aller total ! Il n’y a plus d’état dans ce pays.
La preuve, les bandits et les malfaiteurs ont poussé comme des champignons et sont partout dans le pays, surtout dans les grandes villes. Personne ne peut les contrôler. Les forces de l’ordre arrivent toujours au dernier moment, quand les bandits se sont enfuis ! Comment ces bandits ont-ils pu recevoir des armes de guerre pour attaquer de simples citoyens déjà pauvres ? Ce que nous voyons tous les jours c’est une pauvreté qui dépasse l’entendement et l’insécurité grandissante accentue ce mal.
 
En cette fin d’année, la capitale d’Antananarivo a été abandonnée et les ordures se retrouvent partout. Les responsables de la Commune disent ne pas avoir assez d’argent pour les ramasser et se plaignent de ne pas avoir assez de voitures ou de camions. Mais cela n’arrivera pas tout seul à la décharge, il faut que les responsables aillent chercher une aide dans un pays ami pour les aider à créer un parc de voitures de ramassage d’ordures ! Comment cette ville, qui reçoit des impôts de ses citoyens, peut dire qu’elle ne peut pas ramasser les ordures ? Le ramassage des ordures est d’une importance capitale pour la santé publique ! A cause de cette insalubrité et négligence, il y a eu cette année des dizaines de cas de peste à Madagascar dont plusieurs ont été mortels ! Cela est scandaleux et inacceptable que l’on puisse, au 3ème millénaire, rester encore sans rien faire face à cette terrible maladie, qui a pourtant disparue de bien d’autres pays et qui, on le sait bien, est le fruit de la saleté et d’un manque d’hygiène !
 
Quant à la situation économique, elle est totalement paralysée. Les jeunes n’ont pas de travail, le chômage est partout. Beaucoup s’adonnent à l’alcool et surtout à la drogue locale que l’on appelle « rongony ». Cette drogue rend folles beaucoup de personnes qui en consomment ! Elle est également présente dans les villages d’Akamasoa, même si nous faisons un contrôle strict pour qu’elle ne nous envahisse pas. Nous sommes un oasis au milieu d’un désert de tentations et de débauche et empêcher la montée de tant de dangers n’est pas facile et nous ne réussissons pas toujours !
 
Les jeunes sont, par ailleurs, attirés par la vie facile. Les images de la vie en Europe les séduisent, les font rêver d’un monde où l’argent est roi, où les gens ont tout ce qu’ils veulent, où tout tombe du ciel ! Ces fausses images de la réalité en Europe sont malheureusement véhiculées par les medias et par les touristes qui passent. Pour ces jeunes la vie en Europe est un paradis !
 
Chaque année, et sur plusieurs mois, je suis obligé de prendre mon bâton de pèlerin pour témoigner de la situation de ce pays et pour récolter les fonds nécessaires à la survie de milliers de personnes démunies. Quand je visite les pays d’Europe, l’Ile de la Réunion ou même l’Australie qui possède la même population que Madagascar, je me demande toujours pourquoi nous sommes restés aussi pauvres. Quand je vois cette grande différence de niveau de vie, une énergie très forte me pousse à parler du courage de mes frères qui travaillent durement à Akamasoa, dans la carrière, dans la construction des logements, dans l’artisanat et qui gagnent moins de 2 dollars par jour ! Je redouble de force pour persuader tous ceux qui viennent m’écouter, de partager une partie de leur richesse, volontairement et librement, avec ceux qui aiment leurs enfants et veulent leur préparer un avenir meilleur !
Je suis persuadé qu’aucune personne sur terre ne peut supporter de voir un enfant affamé. Et si elle est convaincue que son aide arrivera à destination des plus pauvres, surtout aux enfants qui ont faim, aucune crise ne l’empêchera de participer à cette lutte contre la pauvreté et de partager une partie de sa richesse. Je remercie tous ceux qui m’ont reçu avec tant de respect et de fraternité et qui nous ont généreusement apporté les aides financières nous permettant de continuer ce miracle à Akamasoa depuis 24 ans.
 

Conclusion
 
Chers amis,
 
Vous qui nous avez suivi et aidé durant toutes ces années, vous avez du comprendre que ce combat contre l’injustice, contre la corruption, contre le mal qui est ancré dans chaque être humain au plus profond de lui-même, est sans fin. Surtout dans un pays où la pauvreté crie au ciel et dépasse l’entendement !
 
On ne peut pas imaginer que l’on puisse faire souffrir ici tant de gens par égoïsme, pour les honneurs. La gabegie est là et bien réelle. Une grande partie des politiciens et fonctionnaires de l’état sont sans scrupules et sans état d’âme, ils n’ont jamais vraiment réalisé qu’ils étaient là pour servir leur peuple. En fait, ce sont euxmêmes qui ont enfoncé leur pays dans un tunnel sans issu ! Ils n’ont pas compris que leurs propres enfants étaient, et sont, dans un tunnel sans espérance et sans solution !
 
Le mal est profond dans le cœur des êtres humains ! On a du mal à croire qu’une telle méchanceté puisse exister ! Mais la réalité quotidienne, dans plusieurs pays du monde, nous rappelle à la triste réalité. Les guerres existent bel et bien parce que des hommes n’ont pas voulu s’entendre et n’ont pas voulu mettre une limite à leur gabegie et leur égoïsme cruel. Mais surtout ils n’ont pas voulu partager. L’extrême pauvreté aujourd’hui ne relève pas de la fatalité ou de causes inexplicables mais de l’égoïsme et de la dureté du cœur humain. Cela nous rappelle et nous fait comprendre que notre combat pour la justice sera encore long à côté du peuple malagasy.
 
Nous combattons depuis déjà 40 ans, jour après jour, avec le peuple malagasy, parmi les plus pauvres de l’Afrique et avec les enfants les plus souriants de la Terre. Leur sort injuste et inhumain, nous ont poussés et décidés à démarrer, il y a un quart de siècle, cette lutte contre tout ce qui peut détruire la vraie image humaine et divine de chaque personne !
 
Nous sommes restés avec les familles pauvres de la rue et de la décharge par la force de l’amour, de la justice, de la fraternité, de la compassion et du partage !
 
La force de Dieu, qu’on ne saura pas décrire, nous a donné à chaque instant le courage de nous révolter, de lever notre voix pour défendre et faire respecter les droits les plus sacrés de l’enfant et de l’être humain !
Tout ce que nous avons fait durant 25 ans dans ce combat, c’était simplement notre devoir humain, notre travail le plus naturel en faveur de nos frères et de nos sœurs exclus. Rien d’exceptionnel dans ce travail humanitaire et de développement que nous avons réalisé dans l’Association Akamasoa, les bons amis.
 
Chers bienfaiteurs, je vous invite fraternellement à rester avec nous aussi longtemps que nous aurons la vie et la force de combattre toutes les injustices faites aux enfants et aux plus pauvres de nos semblables.
Vos prières et vos dons nous ont permis de rester debout au milieu de tant de détresses, maladies et drames.
Avec les jeunes de ce pays, avec toutes les bonnes volontés, avec les plus démunis comme agents principaux de leur propre progrès, et avec chacun d’entre vous, frères et sœurs, où que vous viviez sur notre planète, nous continuerons ce travail, qui est le nôtre, pour construire un monde plus juste, plus fraternel et plus solidaire.
Ensemble relevons le défi pour notre humanité, pour nos enfants et nos jeunes.
 
Merci ! »