Au terme de cette année
« Au terme de cette année 1999, qui a été marquée par la célébration du 10ième anniversaire de l’Association AKAMASOA, nous avons le plaisir de vous présenter dans ce document le bilan des activités entreprises et réalisées durant l’année.
De nombreux événements se sont passés dans la vie de l’association depuis sa création en novembre 1989 et jusqu’à maintenant, des dizaines de milliers de personnes se sont présentées aux bureaux des centres dans le but d’être accueillies au sein de l’association, sinon de recevoir au moins une petite aide selon leur cas.
Au début de l’année, nous avons espéré qu’il y aurait moins de demandes d’aide à notre centre d’accueil. Nous avons aussi décidé d’arrêter d’accueillir des familles et à la rigueur de ne recevoir que celles qui ont le plus besoin d’une intervention urgente et ponctuelle. Malheureusement, l’année s’annonçait difficile et le niveau de vie de la population a encore dégringolé surtout pour les couches les plus vulnérables.
A notre centre d’accueil de Mangarivotra, on a enregistré 6 800 familles qui se sont présentées dans le but d’être accueilli ou de recevoir un peu de secours pour cette année.
Seulement 35 familles ont été reçues et encore à titre provisoire.
La situation économique et sociale du pays est loin de permettre à la population d’avoir une nouvelle vie décente et normale. L’impact de la croissance économique du pays ne se reflète guère dans la vie des citoyens et reste parfois très théorique. L’inflation de 10% enregistrée cette année a eu un impact négatif dans tous les secteurs et à tous les niveaux. Rien que la hausse du prix des carburants a suffi à faire presque doubler tous les frais de transport et par conséquent, la hausse des prix de tous les produits de première nécessité. Les plus affectés par cette situation sont toujours les couches les plus basses de la société qui comptent quand même 78% de toute la population malgache selon les chiffres officiels.
Malgré les efforts de différents organismes humanitaires pour aider les gens défavorisés, on ‘n’arrive pas à s’en sortir et on n’arrive pas non plus à empêcher la classe moyenne de ne pas tomber au niveau inférieur.
Pour sa part, Akamasoa a fait tout son possible pour apporter du secours à ceux qui en ont besoin mais elle a été aussi contrainte par la loi fiscale sur les taxes diverses sur les dons, et donc une grande partie des dons est bloquée dans les ports, tandis que les autres donateurs comme l’Union Européenne ont préféré arrêté tout envoi extérieur et ne donner que le riz et les haricots par des achats locaux. Nous avons dû vivre et travailler avec ce que nous avions et le peu que nous avons pu recevoir en payant toutes les taxes.
Mais cela peut provoquer des conséquences dramatiques, surtout pour les enfants scolarisés, qui mangent à la cantine scolaire, pour les vieillards et les familles en situation très difficile.
Conclusion
Certes, tous nos projets n’ont pas été réalisés, mais une grande partie a vu le jour. Nous sommes bien conscients que la dignité humaine n’est pas le privilège de quelques uns. C’est un droit fondamental de chaque homme. Malheureusement, nous sommes encore très loin de cette réalisation.
Changer le cœur de l’homme n’est pas facile. Surtout changer la mentalité de ceux qui se sont laissé emporter par un fatalisme, est un travail de longue haleine. Notre rôle est de les aider, et de les convaincre que c’est aussi à eux de faire un effort réel et de travailler durement. S’ils sont prêts à faire cela, nous sommes convaincus qu’il y a toujours un espoir pour sortir « du tunnel » où nous cherchons une issue depuis 25 ans.
Il faut chercher aussi les hommes de bonne volonté et réveiller les consciences des gens pour qu’ils viennent au secours de leurs frères. Cette solidarité réelle est en effet une nouvelle forme de lutte contre la pauvreté. Chaque habitant de la terre devrait rejoindre ce mouvement de solidarité. Quelle force a cette solidarité pour vaincre la misère dans le monde ! Si nous avons pu réaliser tout cela, c’est grâce à vous, chers donateurs. Soyez en remerciés et restez avec nous cette année jubilaire 2000.
Avec tous nos meilleurs vœux pour le troisième millénaire. »