L’année 2020 a été une année très difficile dans le monde entier, mais surtout dans les pays en voie de développement. Madagascar a dû non seulement faire face à la crise sanitaire, mais a dû dans le même temps continuer de se battre contre l’extrême pauvreté.
A partir du mois de mars, nous avons subi le premier confinement. Il a étéd’ailleursassez bien respecté par lapopulation. A Akamasoa, nous avons arrêté le travail, l’école, les rassemblements religieux, la pratique du sport, toute vie communautaire. Nous avons cependant continué à aider des milliers de familles à hauteur de 80% de l’aide qu’elles recevaient en période normale. L’état a également apporté son aide en partageant les produits de première nécessité, cela a soulagé en grande partie la population la plus démunie.
Mais le confinement à Madagascar et pour la population de nos villages a été très dur et a posé de nombreux problèmes. En effet, toutes les familles vivent dans des espaces réduits et sont très à l’étroit dans leurs maisons de 12 m² et il était impossible de rester jour et nuit ensemble confinés. De plus l’arrêt de l’école, du travail et du sport pendant 7 mois a beaucoup désorienté les jeunes et les enfants qui pour beaucoup d’entre eux sont tombés dans le piège de la vie facile. Les messes du dimanche, d’abord supprimées, ont été réorganisées en plein air car les gens avaient besoin de prier et de se retrouver ensemble pour demander à Dieu de sortir indemne de cette pandémie. Bien sûr toutes les règles de distanciation ont été respectées et les masques étaient de rigueur.
Nous avons fort heureusement été beaucoup plus épargnés que les pays du Nord où des milliers de gens sont morts de la Covid-19 mais nous restons cependant très soucieux et responsables face à ce dangereux virus invisible et imprévisible.
Les difficultés que nous avons rencontrées cette année ont créé une ambiance de morosité palpable et la pauvreté est toujours là et doit toujours être malheureusement combattue. Beaucoup de personnes doiventvivre au jour le jour et surtout survivre, et les besoins fondamentaux de 70% de la population ne sont toujours pas assurés. Un pays à l’arrêt depuis 60 ans, avec une population qui a quadruplé en même temps, nous laissent imaginer les besoins immenses et indispensables qu’il faudrait pour que le peuple puisse retrouver une certaine dignité.
Les infrastructures routières, les bâtiments scolaires, les hôpitaux, les maternités et dispensaires, les aides aux paysans ou aux jeunes étudiants sont insuffisants voire inexistants. Un des problèmes majeurs c’est le manque d’eau, non seulement dans tous nos villages mais aussi dans tous les quartiers de Tana. Idem pour l’électricité, les gens attendent toujours d’être branchés au réseau de la Jirama. Que font les gouvernements successifs et les entreprises d’état pour changer ça ? Que fait-on de l’argent et des budgets prévus pour le bien commun ? Pourquoi tant d’insouciance et d’indifférence au sort de nos enfants ?
La dégradation du pays se poursuit. Les valeurs ancestrales, socles d’un peuple fier, disparaissent. Les mœurs sont catastrophiques et nous avons vécu une vague de viols sans précédent qui a ému jusqu’au sommet de l’état. La corruption est à son comble malgré les mesures prises par le gouvernement actuel et continue à faire de terribles dégâts. Il est temps que nos dirigeants réalisent enfin leurs promesses et que nos fonctionnaires se mettent au travail !
Malgré toutes ces difficultés que nous avons dû subir et traverser, durant cette année 2020, nous avons fait des efforts importants pour continuer à bâtir notre Ville d’Akamasoa et pour poursuivre toutes les aides que nous apportons à des milliers de malades tous les ans avec nos projets de santé !
Le travail réalisé en 2020 : Pour les logements : constructions de 53 Logements avec aménagement, 70 latrineset douches ; 40 maisons en bois à Mangarivotra ; Réhabilitation de 7 maisons à Antolojanahary ; Réhabilitation et enduit de 40 maisons à Ambaniala. Pour les infrastructures scolaires : Agrandissement de la crèche à Andralanitra avec 9 nouvelles salles de classe et une grande salle polyvalente ; Un bureau pour le Proviseur du Lycée de Mahatsara et une salle des Professeurs ; Clôture du Lycée à Mahatsara ; Finition de l’école avec 9 salles de classe à Vangaindrano ; Construction d’un Lycée avec 6 salles de classe à Masianaka ; Construction d’une école primaire avec 5 salles de classe à Tanambaro Masianaka ; Construction d’une école de langues avec 8 salles de classe et 2 grandes salles polyvalentes à Vohitsara avec un accès en route pavée ; Agrandissement de la cour de l’école maternelle à Andralanitra ; Construction d’une école de cuisine « Excellence Culinaire » ; Réhabilitation de la cuisine et du réfectoire à Andralanitra ; Confection de 470 tables bancs, 40 lits simples et 84 lits superposés, 72 tables et 326 chaises ; Construction de 2 terrains de foot à 7 à Mangarivotra et à Lovasoa ;
Construction d’un Hangar de 100 m2 pour les réunions des jeunes à Ambohimalaza. Pour les aménagements : Extension du cimetière de Mangarivotra avec une ruelle en béton de 200m ; Goudronnage de 2300 m2 de ruelles ; Des murs de soutènements à Lovasoa ; Clôture d’une partie du Centre de Manantenasoa avec un trottoir de 700m ; Une route pavée de 412m reliant le centre d’Antolojanahary et le village de Saint François et 400m du dispensaire au quartier Nazareth ; Confection de poteaux en béton ; Adduction d’eau à Ankadisarotra près de Manantenasoa ; Reboisement d’Antolojanahary et d’Ambohimalaza avec 10 000 arbres ; Ruelle en béton de 800m entre les villages de Lovasoa et de Bemasoandro ; Achat d’un terrain de 1ha à Mahatsara et de 5ha à Antolojanahary.
Les projets pour 2021 : Nous voulons construire à nouveau 100 logements ; Construire une maisoncommunautaire pour une des religieuses qui travaille avec nous ; Réhabiliter des maisons à Safata et à Ranomafana ; Reconstruire le Village d’Ampasika où il y a 240 familles qui vivent dans une situation inhumaine ; Finir la construction d’une école de Langues à Vohitsara d’un Lycée et d’une école Primaire à Masihanaka ; Construire une bibliothèque pour l’Université d’Akamasoa ; Construire un toit métallique et en tôle pour le terrain de basket de Mahatsara ; Construire 3 terrains de mini-foot dans les quartiers populaires et 4 terrains de Basket Ball dont 2 à Antolojanahary ; Continuer l’extension du cimetière principal d’Akamasoa ; Construire des routes et des trottoirs de plusieurs km entre ou dans les villages ; Faire de l’adduction d’eau et construire des réservoirs dans plusieurs villages notamment à Manantenasoa et Andralanitra et progresser dans le forage d’eau ; Faire des caniveaux et de l’assainissement ; Construire des dizaines de latrines publiques et privées dans tous les centres Akamasoa et mettre des toilettes publiques pour les touristes à la Maison Paolina ; Faire la clôture du Centre Akamasoa et de L’Hôpital CSBII à Safata ; Clôturer le parc et le jardin à Mahatazana ; Construire des parkings autour de l’Université et continuer toujours à reboiser les villages. Poursuivre la construction d’un Hostel au Centre de Manantenasoa pour recevoir les visiteurs et participer à la formation des jeunes à l’Hôtellerie.
Cela fait 50 ans maintenant que je suis au service de cette belle île de Madagascar pour servir en frère et en ami ce peuple qui m’a accueilli si aimablement et si fraternellement ! Avec les enfants, les jeunes et les parents d’Akamasoa, nous allons continuer à lutter, comme nous le faisons depuis le début de notre aventure spirituelle et humanitaire, à préparer un avenir plus digne pour nos milliers de familles dont nous nous occupons. Nous sommes loin d’y être arrivés, mais nous ne baisserons jamais les bras, ne serait-ce que pour un seul enfant qui serait en danger.
Madagascar est très grande par sa superficie, sa population est dispersée dans toutes les régions de l’île. Il faut beaucoup de temps et surtout des routes et des infrastructures pour atteindre des zones enclavées où tant de nos frères et sœurs attendent, avec une patience incroyable, pour qu’un jour leur sort soit meilleur et plus digne.
Akamasoa continuera à aider la jeunesse en manque de repère, à essayer de changer les mentalités, les habitudes et les comportements, à enfin trouver une sortie de la pauvreté. Nous devons nous tenir prêts en permanence pour apporter un peu de lumière et des solutions adéquates là où il y a trop de violence ou de désespoir. Le constat est amer, il y a trop de souffrance et c’est une dure réalité. Tout va trop lentement sauf la démographie qui grimpe à toute vitesse. Il est urgent de trouver des solutions.
La population est endormie et l’état ne dénonce pas assez fort les malversations, la gabegie, le népotisme et les conflits d’intérêts de toute sorte. Des efforts sont faits mais ce n’est pas suffisant. Nous manquons de leaders forts pour faire respecter les lois et pour travailler pour le bien commun. Parfois, c’est même l’anarchie qui s’installe dans les bas quartiers et un peu partout dans les grandes villes où la présence de l’état est juste absente.
Il y a un manque flagrant de courage pour affronter les vrais problèmes et oser dire la vérité. Ceux qui provoquent le désordre et sèment le chaos menacent les citoyens honnêtes et semblent malheureusement régner en maitre.
Mais malgré toutes les difficultés rencontrées, nous avons quelques joies et réussites. Le 6 octobre nous avons fait la rentrée scolaire, un grand moment de bonheur pour les parents et les enfants. L’état a reconnu notre université de Saint Vincent de Paul avec les filières pédagogique, informatique, langue et nouvellement la branche paramédicale qui formera des infirmiers et des sages-femmes.
Bonne et Heureuse Année 2021 à vous tous, bienfaiteurs, et merci de continuer à nous aider dans notre combat.
Notre joie est immense pour servir le peuple Malagasy à Akamasoa et avec vous!
Très fraternellement!