Cette année le 1er mai est tombé un dimanche, et nous avons célébré avec beaucoup de joie cette fête du travail !
Tout au début d’Akamasoa, nous célébrions toujours les fêtes du 1er mai, parce qu’il fallait encourager les gens à sortir de l’assistanat et de la mendicité. A l’époque nous invitions tous les villages, tous les lieux de travail, à amener leur propre pancarte et à prendre la parole pour encourager leurs camarades à l’effort, à la responsabilité, à bien faire leur travail !
Et maintenant on peut dire qu’on a réussi à changer cette mentalité d’assistanat, puisque chaque fois que je sors dans un village, les gens me disent : « mon père, donne-moi un travail ! » Et non plus : « mon père, donne moi de l’argent… »
Un grand pas a été accompli avec les familles habituées autrefois à quémander.
Mais aujourd’hui puisque le 1er mai tombait dimanche, nous avons voulu nous rappeler de ces grandes fêtes que nous faisions, et différents groupes de travail des différentes corps de métiers ont amené leurs pancarte : carrières, maçons, menuiseries, ainsi que les différentes écoles d’Akamasoa.
Voici quelques uns des messages que les enfants, adultes, hommes et femmes ont voulu faire passer à tous :
Je veux respecter le travail parce que c’est un don de Dieu et qu’il me donne un avenir
J’aime mon travail parce que cela donne un avenir à mes enfants
Travail, prière et lutte
Le travail est un don de Dieu
Mon travail assure mon lendemain et je le ferai avec prière et de bon cœur
Que je fasse de mon enfant et du travail de mes mains mon devoir
Les femmes de la décharge prient et travaillent pour faire vivre leur famille
Pendant l’homélie, nous avons donné la parole aux hommes et femmes qui sont venus encourager leurs compagnons à continuer l’effort de 27 ans, parce que cet effort doit continuer plus que jamais. Les étudiants aussi ont pris la parole, et parmi eux un jeune garçon qui a insisté : « si vous voulez avoir un avenir, ne touchez pas à la drogue ! »
Durant l’homélie, je me suis aussi adressé aux frères européens présents qui ont un salaire normal dans leur pays, et je leur ai dit qu’ils avaient devant eux 8 000 adultes, jeunes et enfants, dont très peu avait mangé le matin, et que les ouvriers qui travaillent ici ne gagnent qu’1 ou 2€ par jour.
Cet écart de salaires entre les pays du Nord et les pays du Sud, ces inégalités entre eux, crient au ciel, et cela quelqu’un doit les corriger, certainement les Nations Unies, afin que chaque être sur terre puisse vivre même s’il ne trouve pas de travail et que celui qui travaille ait un salaire lui permettant de vivre décemment.
Et surtout, qu’il n’y ait pas entre les plus hauts et les plus bas salaires, un rapport de 1 à 500 comme c’est le cas aujourd’hui, mais une différence de 1 à 3, peut-être. Car là où il y a trop d’argent donné à certaines personnes, dans d’autres endroits et pour des millions, il n’y a rien, pas même de quoi faire vivre leur famille.
Ces inégalités de l’économie mondiale sont un défi en chemin, mais il reste beaucoup à faire. 1 milliard de personnes souhaitent que ce chemin et ces décisions administratives et solidaires, se fassent plus vite, car beaucoup meurent par manque de soins, de logement digne, de repas, de tout ce qui est nécessaire pour la vie.
Une autre voix qui ne cesse de s’élever est celle du pape François et de ses prédécesseurs qui ont toujours lancé un appel au respect des travailleurs, afin d’assurer à tous les habitants de la terre un salaire digne. Parce que le travail et le fruit du travail ne devraient jamais servir que pour enrichir une minorité, mais ils devraient être partagés équitablement entre ceux qui créent le travail et ceux qui le réalisent.
A Akamasoa aujourd’hui, nous avons pu toucher de la main que le travail, quand il est respectueux et que les ouvriers eux-mêmes se sentent respectés et responsables des décisions, ce genre de travail peut unir et réjouir les gens.
Et c’est ce que nous avons vécu pendant 3 heures.
Avant la fin de la messe, nous avons chanté plusieurs chants où on exalte le travail, où on manifeste que le travail n’est pas une charge, une punition, mais la continuation de la création que Dieu a commencée il y a des millions d’années.
Puisse Dieu bénir les ouvriers du monde entier, afin que personne ne soit exploité et que tous puissent être heureux dans leur travail et réussissent à faire vivre leur famille.
Et que ceux qui détiennent le pouvoir économique et politique, législatif puissent créer des lois sociales qui donnent à tous les ouvriers du monde entier un avenir meilleur.
A Akamasoa, toutes ces choses ne sont pas des paroles ou des bons souhaits, mais une réalité pour des milliers de personnes qui travaillent, prient, et préparent l’avenir de leurs enfants.
Et tout cela, grâce à tous nos bienfaiteurs de toutes les latitudes qui sont sensibles à aider leurs frères et sœurs à avoir un travail et qui participent avec une aide régulière tous les ans.
Merci à eux pour leur confiance et leur persévérance !